Temps de lecture : 13 min
La
souffrance psychique, c’est la souffrance liée à nos fragilités, à nos
blessures profondes, à notre anxiété. C’est ce qui fait qu’on peut être mal
même quand on a, soi-disant, tout pour être heureux. Ce mal-être est au fond de
nous, plus ou moins intense, plus ou moins handicapant. Et chez certaines
personnes, il prend des formes graves : dépression, pulsion suicidaire,
psychose, etc.
Bien sûr, c’est d’abord un problème individuel. Si quelqu’un prend conscience
d’une fragilité, il peut se prendre en charge et aller voir un psy et cela
reste une démarche privée. On ne voit pas, a priori, quel projet de société ou
programme politique il peut en découler.
La souffrance psychique était
considérée comme une affaire privée. Aujourd’hui, la donne change et la
question du lien entre l’organisation de la société et la souffrance psychique
émerge.
Jusqu’à aujourd’hui, le projet de société, le projet politique de l’Occident,
c’était de faire disparaître les souffrances causées par la misère, la maladie,
les accidents, c’était d’assurer le confort, la sécurité et le bien-être
matériel, c’était d’encourager la croissance économique et d’en répartir, avec
plus ou moins d’équité, les bénéfices. La souffrance psychique était considérée
comme une affaire privée. Aujourd’hui, la donne change et la question du lien
entre l’organisation de la société et la souffrance psychique émerge.
Les
médecins et les spécialistes affirment, de façon récurrente, que la souffrance
mentale, psychique est en hausse et qu’elle atteint même des proportions
inquiétantes. Un rapport de l’OMS du 17 juin 2022 dit que près d’une personne
sur huit dans le monde vivrait avec un trouble mental et qu’il n’y a pas assez
de moyens déployés pour y faire face.
Voici
quelques extraits d’un article du Monde daté du 14 juin 2022, intitulé « Les
professionnels de santé dépassés par la vague de détresse psychologique qui
touche les jeunes adultes » : « Attentats, Covid-19, guerre en Europe, crise
climatique… la vague de souffrance psychologique est plus forte que jamais chez
les 18-24 ans. Si des mesures nationales ont été prises, elles sont
insuffisantes… « Les professionnels de santé à l’université voient affluer des
jeunes qui ne parviennent plus à se « projeter dans l’avenir »…
Cet article date de juin 2022, mais un peu auparavant, j’ai entendu sur France
inter, un psychiatre, Raphaël Gaillard, qui tenait des propos analogues. Je le
cite : « Nous – nous, ce sont les psychiatres qui, de par leur fonction, sont
en première ligne – nous voyons la société dans ses profondeurs et ce que nous
voyons, ce ne sont pas des vagues successives, ce sont des lames de fond, une
lame de fond de souffrance psychique ». Il évoque également, comme cause
principale de cette lame de fond, l’incapacité des personnes à se projeter dans
l’avenir.
En
fait, la souffrance psychique – surtout sous ses formes graves : anxiété,
dépression, déficit de confiance en soi, fragilité, etc. – quand elle commence
à poindre, est comme une pesanteur qui aspire les gens vers le fond, comme
s’ils étaient en train de couler ou de s’enfoncer dans des sables mouvants.
C’est à la fois douloureux et effrayant. Et la réaction la plus courante, la
plus basique, consiste alors de s’accrocher à une bouée de sauvetage, à un
support qui empêche de sombrer, à une activité qui sert de compensation.
Beaucoup d’activités, qui sont souvent en elles-mêmes très saines, peuvent
servir de bouées de sauvetage : le sport, les loisirs, la consommation, le
travail, le sexe, l’engagement politique même et d’autres encore. Elles créent
alors un phénomène de dépendance ou d’excès, avec tous les problèmes,
individuels ou collectifs que cela entraîne. Et quand le contexte rend plus
difficile l’accès à une bouée de sauvetage, cela peut devenir intolérable et
entraîner dépression ou colère. Et c’est en partie ce qui se passe aujourd’hui.
La souffrance psychique est un peu
plus supportable – ou un peu moins insoutenable – si on a du confort, des
loisirs, si on peut faire les soldes et se faire plaisir, tout en pensant que
le monde de demain nous offrira toujours et encore plus de possibilités.
Parce que – et c’est là que le politique et l’individuel se rejoignent – la
modernité, surtout depuis une soixantaine d’années, mettait à notre disposition
deux grandes et puissantes bouées de sauvetage collectives qui étaient,
premièrement, la consommation, avec des produits toujours plus attractifs et la
promesse qu’il y aura toujours plus à consommer et deuxièmement, l’optimisme
politique, l’espoir que le monde change et que ce sera mieux demain. En clair,
la souffrance psychique est un peu plus supportable – ou un peu moins
insoutenable – si on a du confort, des loisirs, si on peut faire les soldes et
se faire plaisir, tout en pensant que le monde de demain nous offrira toujours
et encore plus de possibilités.
Or,
aujourd’hui, ces deux bouées ne fonctionnent plus aussi bien qu’avant. Avec le
COVID, la guerre proche de nous, les tensions internationales, le réchauffement
climatique, il est devenu plus difficile de trouver du sens à la société de
consommation, qui est de moins en moins en mesure d’anesthésier nos souffrances
et il est devenu aussi plus difficile d’être très optimiste quant à l’avenir.
Il n’est donc pas étonnant que ce vide génère une « lame de fond de souffrance
psychique », qu’il révèle une fragilité sous-jacente qui n’est plus compensée
comme elle l’était auparavant dans un contexte global plus favorable. C’est ce
phénomène que décrivent les psychiatres quand ils constatent que les jeunes
n’arrivent plus à se projeter dans l’avenir.
Ce
n’est pas très réjouissant mais il y a aussi des aspects positifs.
Une nouvelle définition de la
force et du courage émerge, qui serait non pas de n’avoir aucune faiblesse,
mais de parvenir à les assumer.
Le
premier, c’est que la souffrance psychique n’est plus un sujet aussi tabou
qu’autrefois. Avant, il mettait de nombreuses personnes très mal à l’aise. Se
sentir fragile était considéré comme un signe de faiblesse, un échec.
Aujourd’hui, le regard posé sur la fragilité est différent : il est plus
facilement admis que tout le monde a des blessures, des fragilités. Ça fait
notre humanité, notre richesse, notre authenticité. Et il n’y a plus à en avoir
honte. Un exemple parmi d’autres, le dimanche 9 janvier 2022, sur TF1, le
chanteur Stromae a évoqué sa dépression, sa solitude. Il a chanté son nouveau
titre L’enfer, sur ses pensées suicidaires, « ces pensées qui me
font vivre un enfer ». Et ce qui m’a le plus intéressé, ce sont les
commentaires sur les réseaux sociaux, parce qu’ils témoignent, à mon avis, d’un
changement profond de mentalité. Beaucoup de gens le félicitent d’avoir eu le
courage de parler de sa faiblesse, de sa faille. Comme si émergeait une
nouvelle définition de la force et du courage qui serait non pas de n’avoir
aucune faiblesse, mais de parvenir à les assumer. Une journaliste de France
Inter, Sonia Devillers, a même remarqué : « C’est accorder à la maladie mentale
une dignité inédite dans l’histoire de la télé. »
Un
autre aspect positif : si le sujet émerge et n’est plus tabou, c’est qu’on est
prêt à y faire face, à chercher de vraies solutions pour traiter la souffrance,
plutôt que de recourir toujours et encore aux mêmes compensations. C’est un
signe de santé, crucial dans un monde où les bouées de sauvetage ne sont plus aussi
fiables qu’auparavant. S’ouvre devant nous un immense domaine à explorer, la
souffrance psychique étant indissociable d’un certain nombre d’autres thèmes
importants comme le bonheur, l’amour, la relation, la solitude, l’éducation, le
besoin de sens, la communication, la violence faite aux enfants, des thèmes qui
nous concernent tous, des thèmes qui sont au cœur de notre humanité.
Prendre
vraiment acte de la souffrance psychique n’est pas seulement le signe d’un
changement de mentalité, mais aussi d’un changement très profond de société,
qui entraîne un changement dans la définition même de ce qu’est un monde
meilleur. Jusqu’à aujourd’hui, comme je le disais en introduction, le projet de
l’Occident consistait à faire disparaître la souffrance liée à la pauvreté, à
la faim, au froid, à la dictature, à la maladie, mais le thème de la souffrance
mentale, du mal-être intérieur, était largement sous-estimé, voire même
occulté.
Un monde meilleur n’est-il pas
aussi un monde dans lequel il y a moins de souffrance psychique ?
La
prise en compte de la souffrance psychique complète sérieusement le décor, elle
le change même complètement parce qu’il est alors pris dans sa totalité. Et ce,
d’autant plus que le projet initial, celui d’un monde meilleur centré un peu
trop exclusivement sur le plan matériel, sur le confort et la sécurité, bat de
l’aile. Il est en crise, voire en échec : on ne sait pas trop à quelle sauce on
va être mangé mais on n’a pas vraiment l’impression que le monde qui nous
attend sera spécialement réjouissant.
Le
projet de société actuel, matérialiste, est donc soumis à un certain nombre de
questionnements : comment continuer à assurer le bien-être matériel ? Comment
faire face à la souffrance psychique ? Comment assurer la transition vers la sobriété
et prendre en charge le désarroi que cela va entraîner ? Comment faire pour que
la perspective éventuelle de privation ou de récession soit l’occasion de faire
un monde dans lequel on serait malgré tout plus heureux ?
De
ce point de vue, il y a au moins deux catégories de personnes qui me paraissent
intéressantes à remarquer, et qui se situent aux deux extrémités du spectre.
D’un côté, il y a celles qui ne veulent pas entendre parler de souffrance
psychique et qui s’accrochent aux bouées de sauvetage anciennes offertes par le
modèle actuel. La société de consommation est une drogue, une échappatoire à
leur mal-être. La perspective de la sobriété, des restrictions, ne peut que
mettre ces personnes en panique. À leurs yeux, le changement de modèle que va
nous imposer le réchauffement climatique est juste une perspective horrible.
Elles ne peuvent voir en l’écologie qu’une force restrictive et punitive. De ce
côté, il faut s’attendre à une vague de souffrance psychique qui s’exprimera
par la dépression, la colère et une énorme résistance au changement.
De
l’autre côté, il y a les personnes qui ne trouvent plus guère de sens dans le
modèle occidental de recherche exclusive de bien-être matériel, car ce modèle
ne produit pas les conditions profondes d’un vrai bonheur, d’une vraie guérison
de la souffrance psychique, d’une vraie relation entre les gens. Ces personnes
savent ou pressentent que n’est pas encore et toujours plus de pouvoir d’achat,
de profit, de croissance qui va faire un monde meilleur. C’est une illusion en
laquelle elles ne croient plus. Dans cette perspective, l’adaptation à la
sobriété ne sera pas forcément facile à vivre, mais elle pourra être compensée
par un gain réel et précieux au niveau de l’humain, du sens, de la relation.
Quoi
qu’il en soit, la prise en compte de la souffrance psychique sera une des clés
de voûte du système de demain, et ce programme sera un peu plus complexe à
mettre en œuvre qu’une simple augmentation des impôts et des aides de l’État.
Comment s’y prendre ? Quels types de mode de vie, d’organisation collective,
d’institution, d’éducation, de relation au travail, d’aménagement du
territoire, etc. etc. doivent en découler ? Faut-il inventer de nouveaux rites
de passage ? Faut-il créer des lieux de vie qui facilitent la relation ? Que
doit-on enseigner de nouveau aux enfants et aux adolescents ? Quel type d’école
doit-on envisager ? Les possibilités sont très nombreuses, dans tous les
domaines, pour peu qu’on fasse un peu preuve d’imagination. C’est un thème très
riche et plein de promesses, à explorer et à construire.
Donc,
d’un côté, la souffrance psychique est une question privée, individuelle,
indépendante de l’état de la société. (On sait très bien que certaines
personnes ont « tout pour être heureuses » et qu’elles ne le sont pas, et on
pourra changer le monde autant qu’on veut, elles seront toujours malheureuses.)
D’un autre côté, la prise en
compte de la souffrance psychique n’est pas uniquement un problème individuel.
Il y a aussi une dimension sociologique, et je dirais même de sociologie
lourde, profonde, la sociologie des tendances à long terme, des mouvements de
fond d’une société.
Prenons
l’exemple de la solitude. Aujourd’hui, il y a beaucoup de solitude et celle-ci
renforce la souffrance psychique. Mais la solitude est très différente d’une
société à l’autre. Une de mes amies a grandi en Algérie jusqu’à l’âge de dix
ans, puis ses parents sont venus en France. Elle me disait qu’en Algérie, si
elle sortait de chez elle et faisait un tour dans le quartier, une vingtaine de
personnes pouvaient lui dire bonjour en l’appelant par son prénom. Trois ans
après l’installation de leur famille en France, elle ne connaissait toujours
pas les occupants de l’immeuble où ils vivaient. Jusque récemment en Europe,
disons jusqu’au milieu du XIXè siècle, et dans toutes les sociétés
traditionnelles dans le monde, la solitude n’existait pas. C’était plutôt
l’inverse, les gens étaient nombreux dans chaque logement. Bien sûr, ça posait
d’autres problèmes. Serait-il possible qu’on revienne petit à petit vers des
lieux de vie collectifs et transgénérationnels ?
Mais
il n’y a pas que l’exemple de la solitude, celui de l’environnement entre aussi
en ligne de compte. Quand on regarde son habitation, son environnement
immédiat, quand on sort, quand on va sur son lieu de travail, quand on voit
l’état général du monde, que ressent-on : satisfaction ou accablement ? Notre
environnement est-il harmonieux, en ordre, apaisant ou discordant ? Est-il en
voie d’amélioration ou de dégradation ? Le quartier dans lequel on vit est-il
beau ou déshumanisé ? Est-on témoin tous les jours d’incivilités et de
dégradations ? Je connais trois personnes qui sont un peu fragiles, qui vivent
dans une cité et qui toutes trois m’en ont fait la même description : bruit,
violence, dégradation, ordures, saleté, etc. Elles n’en peuvent plus mais n’ont
pas les moyens de partir et elles sont atteintes au plus profond d’elles-mêmes.
Et
quand on quitte la maison pour se rendre à son travail, le trajet est-il long
et pénible ? Ensuite, l’activité professionnelle elle-même a-t-elle du sens ou
non ? Les conditions de travail se dégradent-elles ? Je reçois beaucoup de
témoignages de personnes qui ressentent assez cruellement la dégradation de
leurs conditions de travail.
Le
vaste thème de la relation constitue un autre sujet fondamental : toutes les
relations, entre parents et enfants, entre hommes et femmes, en famille, avec
les voisins, au travail. Il est difficile de séparer la souffrance psychique de
la difficulté relationnelle, l’une rejaillit sur l’autre en permanence.
L’absence de relation, la maltraitance dans la relation est la cause principale
de la souffrance psychique. Mais ce sont aussi nos souffrances psychiques qui
nous rendent maladroits, fermés ou même maltraitants dans la relation. Combien
de personnes sont aujourd’hui maltraitantes avec leurs enfants parce qu’elles
n’ont jamais pris soin des traumatismes de leur propre enfance ?
La
question de l’enfance est bien sûr essentielle. Comment fait-on pour qu’un enfant
qui naît devienne un jeune adulte avec moins de souffrances psychiques, moins
de fragilités ? Est-ce juste une question privée ? Cela concerne-t-il
uniquement les familles ou aussi l’ensemble de la société ? En quelques années,
le thème des abus sur les enfants et sur les femmes a pris de l’ampleur et
c’est bien qu’on puisse nommer les choses.
Enfin,
il faut poser la question la plus globale : est-ce que le monde paraît avoir du
sens ou non et est-ce que je vais trouver ma place dans ce monde ?
Se sentir utile, participer à un
mouvement collectif qui améliore l’état du monde tempère profondément le
mal-être intérieur. Malheureusement, aujourd’hui, on se sent plutôt passif et
isolé face à un état du monde qui se dégrade.
À
ce niveau, savoir si on participe à la guérison ou à la maladie du monde
devient crucial. Participer à la guérison du monde donne du sens à la vie,
donne un profond sentiment de satisfaction. Se sentir utile, participer à un
mouvement collectif qui améliore l’état du monde tempère profondément le
mal-être intérieur. Malheureusement, aujourd’hui, on se sent plutôt passif et
isolé face à un état du monde qui se dégrade. L’impression que le monde va mal,
qu’on est impuissant, qu’on ne peut plus se projeter dans l’avenir entraîne
fatalement des répercussions négatives sur notre vie intérieure. C’est même
pire que cela : même si on fait ce qu’on peut pour participer à la guérison du
monde, on a tous plus ou moins l’impression de participer aussi à la maladie du
monde, dans la mesure où notre mode de vie contribue au réchauffement
climatique. Comme presque tout le monde, j’ai un smartphone : donc je profite
de l’extraction de métaux rares dans les mines en Afrique, dans des conditions
de travail qui ne sont pas loin de l’esclavage, y compris pour des enfants. Il
est devenu quasiment impossible d’avoir un mode de vie dans lequel on ne serait
en rien responsable des problèmes du monde actuel. Et c’est un facteur
aggravant de dépression, d’angoisse et d’insatisfaction.
Ces thèmes si importants n’ont pas
grand-chose à voir avec l’amélioration matérielle des conditions de vie.
Une
augmentation de salaire de 10%, même si elle est bonne à prendre, n’est pas la
solution. Aujourd’hui, la politique tourne beaucoup autour de la préservation
du pouvoir d’achat. Certes, il est important de le préserver mais c’est un peu
réducteur d’y voir un projet collectif porteur de sens à soi tout seul. Un
projet, pour être vraiment porteur de sens, doit pouvoir répondre à des
questions comme : comment assurer l’avenir de nos enfants ? Comment résoudre
les problèmes graves qui se posent ? Comment faire face au réchauffement
climatique ? Quelles valeurs profondes va-t-on défendre ? Comment faire pour
qu’il y ait plus de relation, plus de lien et plus de sens ? Comment participer
à la guérison du monde ? Comment créer un environnement dans lequel les
personnes pourront se sentir vraiment heureuses ? Une amélioration matérielle
de nos conditions de vie ne nous donnera pas de réponse à ces questions,
d’autant plus que cette amélioration est devenue très problématique.
Aujourd’hui, force est de constater que la direction qu’emprunte le monde
augmente la souffrance psychique, parce le profit remplace le sens, parce qu’il
y a beaucoup de solitude, parce qu’il n’y a plus de valeur fondatrice commune,
parce qu’il est difficile de se projeter dans l’avenir et parce qu’on va dans
le mur. Prendre complètement la mesure de ce qu’est la souffrance psychique, ce
qui l’augmente et ce qui la soigne, c’est commencer à réfléchir à un autre
projet de société, plus complet, plus riche. C’est devenu une nécessité vitale.